7/11/10
Je me réveille vers 5h00 après avoir passé une très bonne nuit. L'avantage de la classe 2AC, c'est qu'on paye beaucoup plus cher mais on est choyé : serviette de toilette, oreiller, draps et couvertures fournis, pas de courant d'air dans le compartiment puisque les fenêtres et portes sont entièrement fermées, peu de personnes donc peu de bruit, un gardien qui surveille le wagon et des toilettes propres avec papier toilettes fourni ! Je suis donc d'attaque pour faire une journée complète !
A 5h45, heure prévue d'arrivée à Agra, on en est bien loin. Le soleil se lève et je me mets à regarder à l'extérieur. A l'approche des gares, le scenario est souvent le même : des dizaines de personnes sont alignées en rang d'oignons, accroupies, en train de déféquer. Certainement des gens qui vivent dans ou autour de la gare. Tout compte fait, je profiterai du paysage un autre jour...
Le train entre en gare d'Agra à 8h45 avec 3h00 de retard. Je vais finir par croire que c'est le retard moyen habituel ! Je prends un rickshaw prépayé et lui demande de me déposer dans Taj Ganj, le quartier des hôtels bon marché juste à côté du Taj Mahal. Le chauffeur, Sameer, essaye par tous les moyens de me vendre une excursion d'une journée avec lui. Moi qui pensais qu'en prenant un rickshaw prépayé j'aurais la paix, c'est loupé. Quand il me montre le carton avec les prix, il m'explique qu'il a un carton de prix pour les Américains (30% plus cher) et un carton de prix pour les autres touristes (qui sont aussi surévalués bien sûr). La grande classe ! Arrivés à Taj Ganj, il n'en a pas fini. Il fait maintenant le forcing pour que je m'installe dans un hôtel qu'il me conseille. Au bout de longues minutes, j'arrive à m'en débarrasser. Ce n'est pas avec moi qu'il touchera ses commissions aujourd'hui !
Une fois mes affaires déposées à l'hôtel et le ventre rempli, je pars à pied vers le mausolée Itimad-Ud-Daulah surnommé le Baby Taj. A vol d'oiseau, le site est assez proche mais il faut faire un détour pour y accéder à cause de la rivière. Le chemin est long et loin d'être agréable. Je marche pendant plus d'1h30 parmi la circulation dense et une forte poussière. Mais je suis bien récompensée quand j'arrive à destination. Le Baby Taj est un endroit paisible et assez peu fréquenté. Ce mausolée, construit dans les années 1620, est le premier bâtiment moghol à avoir été édifié entièrement en marbre. Le site est un exemple de symétrie.
On y rentre par une grande porte en grès rouge. La porte vue de l'extérieur du site ou de l'intérieur est la même.
Le mausolée en marbre blanc trône au milieu d'un jardin verdoyant.
Les 4 côtés du mausolée sont identiques. Ici, le côté est et le côté ouest. Les même je vous dis !
Aux 4 coins de la muraille, des tours surmontées d'une coupole se dressent. Sur les faces sud et nord de cette muraille, on retrouve un édifice en grès rouge semblable à la porte d'entrée sans l'ouverture centrale.
Le mausolée est un magnifique travail de pietra dura (marbre incrusté de pierres semi-précieuses) et de jali (treillis de marbre).
A l'intérieur du mausolée se trouve le tombeau de Mizra Ghiyas Beg, ministre en chef de l'empereur Jahangir. Le travail du marbre est aussi soigné qu'à l'extérieur.
A travers les jali, on observe distinctement ce qui se passe dehors.
Il est temps de ressortir du mausolée pour se rendre dans la partie ouest de l'enceinte.
On y trouve le dernier édifice en grès rouge. Il donne directement sur la rivière Yamuna.
Je passe 2 bonnes heures à me rassasier de la vue de ces bâtiments un peu froids mais tellement majestueux ! La visite est interrompue de temps en temps par des Indiens qui veulent prendre des photos avec moi. Je m'exécute de bonne grâce. Pour le moment...
Je quitte le Baby Taj et me dirige maintenant vers la rive Nord de la rivière Yamuna pour avoir une belle vue sur le Taj Mahal (situé sur la rive Sud). En chemin, un Indien m'indique la direction et me conseille d'y aller en rickshaw-vélo. Il en appelle un et m'annonce que le prix de la course aller-retour est de 20 roupies. Je n'ai pas encore beaucoup de repères au niveau des prix mais il me semble que le tarif est un peu élevé. Je continue donc à pieds. Quelques minutes plus tard, le rickshaw me rejoint et me propose un nouveau prix. Je comprends qu'il me propose l'aller-retour pour 5 IRP. Pour le coup, le tarif me semble assez bas. Je lui redemande donc en montrant 5 doigts si c'est bien le prix qu'il me demande. Il secoue la tête à l'indienne de droite à gauche pour me dire oui. Je monte.
Dans une côte, il n'a pas la force de pédaler et descend du vélo pour le pousser. Voilà une des raisons pour laquelle je n'aime pas prendre un rickshaw-vélo : je ne suis pas très à l'aise dans ces moments là. Même si je sais que c'est leur gagne-pain et que les Indiens ne se posent pas ce genre de questions...
On arrive à destination. Je descends et lui redemande s'il m'attend bien et si le prix est bien de 5 IRP pour l'aller et le retour. Il me confirme que oui.
Un poste militaire est installé sur la rive Nord et des fils barbelés bloquent l'accès à la rivière sur plusieurs dizaines de mètres. Je suppose qu'il s'agit d'un périmètre de sécurité pour prévenir les attentats. Un civil indien va d'ailleurs informer un militaire que 3 touristes marchent au bord de la rivière. Le militaire va les chercher illico presto et les ramène en leur criant dessus et en faisant signe de les mettre en prison. Il s'agit de 3 Français que la situation fait doucement sourire. Et ils ont bien raison puisque le militaire retourne à son poste sans plus de formalités une fois les touristes en lieu sûr. Quoiqu'il en soit, ces barbelés ne cachent pas la vue sur le Taj Mahal et j'observe de loin cet édifice considéré comme le plus beau du monde.
Je retrouve mon chauffeur de rickshaw qui me ramène au point de départ. Je lui tend les 5 IRP convenus mais il me fait signe que ce n'est pas suffisant. Il me sort un billet de 10 IRP pour me montrer qu'il manque encore 10 IRP. De mon côté, je lui réponds que non, ce n'est pas ce qui a été convenu. Un attroupement d'Indiens se forme autour de lui. Ils discutent avec le chauffeur de rickshaw qui leur explique la situation. Tout le monde se marre, y compris le rickshaw. Après avoir vainement essayé de demander le juste prix à des Indiennes qui continuent de se marrer en me regardant, je décide de partir. Je viens de vivre un grand moment d'incompréhension due à la barrière de la langue. Que c'est énervant !
8/11/10
Je me lève à 5h30 pour voir le Taj Mahal au lever du soleil quand il est presque déserté par les touristes. Sachant que les mosquées alentours m'ont réveillée à 5h00, je me lève promptement. Je suis en position d'attente au guichet à 6h00. Une cinquantaine de personnes attendent devant moi, ce qui ne représente pas grand monde pour un monument comme le Taj Mahal. Cool ! Ce qui est moins cool, c'est le prix de l'entrée : 750 IRP alors que les Indiens payent 20 IRP. Vous avez bien lu, je ne me suis pas trompée dans les chiffres... J'accepterais facilement la différence de prix si le tarif de base était de 750 IRP et que le gouvernement le fasse tomber à 20 IRP pour que les Indiens puissent avoir accès à leur patrimoine culturel, mais ce n'est pas vraiment dans ce sens là que ça s'est passé ! La situation était la même en Indonésie mais c'est encore plus flagrant en Inde.
A 6h30, les portes s'ouvrent. Une fois la porte passée, l'impressionnant mausolée apparaît. Il se reflète dans l'eau du canal.
Avant de rentrer à l'intérieur du mausolée, j'en fais le tour. Les 4 côtés sont parfaitement symétriques.
Durant mon tour d'observation, je tombe sur la mosquée en grès rouge de l'enceinte. Je la trouve tellement belle que j'y passe autant de temps que dans le mausolée.
D'autant plus, que de l'intérieur, la vue sur le mausolée est envoûtante.
Cette fois, j'y vais. Je m'approche de la bête !
Les arches voûtées des 4 façades sont entourées de décorations en pietra dura et de citations du Coran.
Je monte sur l'esplanade où des Indiennes assises observent un autre groupe d'Indiennes qui chantent et ébauchent une danse. Le bonheur de voir le Taj Mahal ?
Les minarets postés à chaque coin de l'esplanade auraient été construits légèrement penchés vers l'extérieur afin qu'ils ne tombent pas sur le mausolée en cas de séisme.
Je rentre dans le mausolée où se trouve le cénotaphe de Mumtaz Mahal. Le Taj Mahal a été édifié pour elle par son époux l'empereur Shah Jahan après qu'elle soit morte en couches. Sa construction a demandé plus de 20 ans aux 20.000 ouvriers et artisans qui y ont participé. La légende veut que l'empereur, une fois la construction terminée, a fait couper les mains des différents artisans pour qu'ils ne puissent pas reproduire ce chef d'œuvre ailleurs. A priori, il ne s'agirait vraiment que d'une légende.
Il est interdit de prendre en photo la pièce où se trouve le cénotaphe de Mumtaz Mahal. Ce qui n'empêche pas la moitié des personnes présentes d'utiliser leurs appareils (avec le flash de surcroît) sous le nez des gardiens qui ne lèvent pas le petit doigt. Discipline à l'indienne !
Je sors et refais un rapide tour pour observer les jali de l'extérieur.
Je me dirige vers la sortie tout en me retournant plus d'une fois pour contempler le mausolée.
La photo souvenir pour pouvoir dire "J'y étais" !
Un dernier coup d'œil et je m'en vais.
Cette fois, c'est vraiment le dernier coup d'œil.
Alors qu'une foule de touristes rentre sur le site, je le quitte à 8h30 pour aller prendre mon petit-déjeuner sur un toit-terrasse avec vue sur le Taj Mahal. On n'en a jamais fini avec celui-là !
Je vais à la gare pour acheter mon billet de train pour la prochaine destination : Bundi. Mais avant, je dois trouver un distributeur de billets pour remplir mon portefeuille. Après avoir marché plus d'1h00 et testé plusieurs DAB, je me rends à l'évidence : ils sont tous vides. L'explication : Diwali étant une fête durant laquelle on dépense beaucoup (achat d'habits neufs, cadeaux à tous ses proches, etc.), tous les Indiens ont retiré de grosses sommes d'argent. Et comme les banques rechargent les distributeurs d'un montant maximum sans se préoccuper de savoir s'il y a des jours fériés et des évènements spéciaux qui vont engendrer plus de retraits, il vaut mieux être dans les premiers à retirer de l'argent !
Il n'y a pas de place dans le train pour Bundi avant le 12/11. Je change donc mes plans et prends un billet pour Udaipur. Le trajet étant plus long, le billet est plus cher. Il ne me reste plus que quelques dizaines de roupies sur moi. Heureusement, que j'ai quelques euros pour les situations d'urgence ! Tout le monde n'a pas cette chance. En effet, je rencontre Daniela, autrichienne sans le sou et Ian, son bon samaritain québécois. Daniela ne comptant que sur sa carte bancaire se retrouve sans argent depuis 3 jours. Ian l'a rencontrée à Varanasi dans un état proche du désespoir et lui a proposé d'être son banquier pour quelques jours. Il a donc changé ses "devises de secours" pour payer leurs dépenses communes mais ses fonds commencent à s'assécher. Sympa Diwali !
Je prends la direction du Fort rouge d'Agra en me disant que je trouverai bien un endroit pour changer mes devises en chemin. Alors qu'habituellement j'en vois partout, je n'en trouve pas un seul sur ma route. Je dois donc retourner à Taj Ganj où je suis sûre d'en trouver un. Il fait chaud, le soleil cogne, je marche depuis 1h00 et j'en ai encore pour 30 minutes. Un rickshaw-vélo s'arrête à côté de moi. J'entame la discussion avec son client, un jeune Indien. Il me propose de m'emmener jusqu'à Taj Ganj et de revenir avec moi au Fort rouge pour faire la visite ensemble. Il a une bonne tête (sous-entendu pas une tête de pervers...), j'accepte. Il s'appelle Nikhil et habite Delhi. Il doit prendre un bus pour rentrer chez lui ce soir mais en attendant, il a 3h00 à perdre.
Après avoir changé 40 € à un taux extrêmement mauvais marché (je n'ai pas les moyens de faire la fine bouche), on va visiter le Fort rouge. Nikhil achète son ticket d'entrée à 20 IRP, moi le mien à 300 IRP. Sans commentaire... Le fort est imposant, à l'image de sa porte d'entrée.
Et que voit-on depuis le fort ?
A l'intérieur, le bâtiment le plus intéressant pour la grande romantique que je suis (??!!) est le Khas Mahal qui servit de prison à l'empereur Shah Jahan. Il fut renversé par son fils et emprisonné dans ce palais pendant 8 ans d"où il pouvait apercevoir son œuvre, le Taj Mahal.
On y trouve aussi une petite mosquée, la Nagina Masjid, construite pour les dames de la cour.
Avec les vacances de Diwali, beaucoup d'Indiens visitent la région. Leur sport favori pendant les visites : se prendre en photo.
Le Diwan-I-Am (pavillon des audiences publiques) et le Diwan-I-Khas (pavillon des audiences privées) servaient à l'empereur pour la gestion de son empire. On remarque au-dessus des arches du Diwan-I-Khas les jali qui permettaient aux femmes de l'empereur de suivre les audiences sans être vues.
Dernier bâtiment du fort : le palais de Jahangir.
Nikhil doit aller prendre son bus pour Delhi. Je lui promets de le contacter quand je serai à Delhi pour qu'il me fasse visiter sa ville. On se quitte donc ici après avoir échangé nos adresses mails.
9/11/10
Je suis réveillée par les appels à la prière des mosquées à 5h00. Jusqu'à présent ça ne m'avait jamais posé de problèmes, mais ici je n'entends que ça ! Il faut dire que j'ai au moins 8 mosquées à portée d'oreilles qui prennent bien soin de lancer leurs appels à 1 minute d'intervalle chacune. Ce qui devrait prendre 1 minute et donc passer inaperçu dans mon sommeil, prend en fait 15 minutes et me réveille entièrement. Du coup, je suis sur le pont à 6h00 et dans un bus pour Bharatpur à 7h00.
A Bharatpur, je dois prendre un autre bus pour aller à Deeg, ma destination finale. Je demande à un Indien au hasard quel bus prendre. Il ne comprend pas et appelle une 2ème personne pour me renseigner. Un homme arrive pour m'orienter bientôt suivi par des dizaines d'autres. Ils sont plus de 20 agglutinés autour de moi juste pour savoir où je vais ! Comme maintenant tout le monde (ou presque) connait ma destination, ils sont plusieurs à me montrer le bus que je dois prendre quand il arrive. Il faut reconnaître que les Indiens, quand ils ne sont pas pourris par le tourisme, sont plutôt agréables et aidants.
La petite ville de Deeg abrite un palais du 18ème siècle. Autour d'un jardin au tracé géométrique, se tiennent plusieurs bâtiments dont le Ghopal-Bawan et ses deux pavillons qui surplombent un lac. Ce bâtiment contient encore le mobilier d'origine des maharajas qui l'habitèrent jusqu'en 1950. Sans grand intérêt.
Dans le lac, certains se baignent tandis que d'autres font la lessive.
Une famille de touristes indiens s'approche de moi. Leur fils est tellement fier dans sa tenue du dimanche avec son turban-chapeau que je ne peux détacher mon regard. Ils insistent pour que je le prenne en photo. Je n'ai pas pu m'empêcher de retoucher la photo pour la recadrer sur son si joli visage.
Bien évidemment, les quelques Indiens qui se trouvent autour accourent pour assister à la scène. Je n'ai pas l'impression que ce site soit beaucoup fréquenté par les touristes étrangers et je sens les regards curieux posés sur moi depuis le début de la visite. Je prends congés de tout ce petit monde pour voir les autres bâtiments du site. Ils sont regroupés autour de centaines de fontaines qui sont mises en eau uniquement lors de fêtes particulières.
Je rentre à l'intérieur d'un bâtiment suivi par un vieil Indien qui en surveille l'entrée. Alors que je ne lui ai rien demandé, il me fait la visite guidée. Les pièces n'ont pas grand intérêt. Je le remercie mais lui explique que je n'ai pas d'argent à lui donner. Il me répond qu'il n'y a pas d'obligation, juste un merci suffira. Mais c'est Diwali en ce moment... Sous-entendu, tu es peut-être étrangère mais tu es en Inde et il faut respecter les coutumes. Et la coutume pour Diwali, c'est de ne pas refuser l'aumône à un mendiant ou de donner des pourboires aux gens qui nous servent puisque c'est une fête placée sous le signe de la richesse. Ah le futé, il m'a eu par les sentiments ! Je racle donc le fond de mon portefeuille pour trouver quelques roupies qui traînent parmi les gros billets.
Ne voulant pas être uniquement considérée comme un portefeuille sur pattes, je m'arrête quelques instants pour discuter avec lui ainsi que son fils venu lui rendre visite. Au bout de 20 minutes, je suis de la famille. D'ailleurs, la prochaine fois que je viens à Deeg, hors de question que je dorme à l'hôtel. Je dormirai chez lui, c'est sûr ! Et puis si je vais à Jodhpur, je dois absolument contacter son fils. C'est lui qui m'hébergera puisqu'il y habite. Et puis tiens, prends le en photo mon fils...
Je m'esquive pour continuer ma visite. Je vais dans une partie un peu abandonnée du site. Un jeune Indien me suit et se fait passer pour guide en me donnant des explications sur le palais. Je l'ignore, il va bien s'en aller. Mais il résiste le bougre. Et il finit par avoir des paroles et des gestes déplacés. Il m'a gonflée, je repars à Agra. De toute façon, j'avais vu l'essentiel.
Quand je monte dans le bus, quelques personnes sont déjà debout dans l'allée car il n'y a plus une seule place assise. Enfin si, une mais elle se trouve juste à côté de la porte et, en général, c'est la place du rabatteur/vendeur de tickets. Dans ce bus, c'est encore pire. Les 2 places à côté de la porte sont réservées puisqu'il y a 2 rabatteurs : le rabatteur en chef qui restera assis pendant tout le trajet et son second qui fera tout le travail. Le rabatteur en chef me dit de prendre la place de son second. Le privilège d'être blanche je pense... En attendant que le bus démarre, il sort prendre l'air. Le bus se remplit et les gens commencent à être les uns sur les autres. Une femme s'assoit à côté de moi avec ses 2 jeunes enfants, sur le siège du rabatteur. Quand il remonte, il la déloge en moins de 2 secondes. Ici, il n'y a pas de règles de courtoisie pour laisser sa place aux handicapés, personnes âgées, femmes enceintes ou avec des enfants en bas âge. Quand on a une place, on la garde !
A Bharatpur, le changement de bus est assez épique. En effet, quand je vais au guichet pour acheter mon ticket pour Agra, plusieurs personnes attendent déjà. Étant une femme, je m'empresse de dépasser tout le monde pour me positionner en début de file juste à côté de la personne qui se trouve devant le guichet. Après 5 minutes d'immobilité parfaite, je me penche pour me rendre compte qu'il n'y a personne derrière la vitre. J'expérimente là une autre particularité de l'Inde : l'heure du thé. Tous les guichets ferment 20 minutes dans la journée pour que les guichetiers puissent aller boire un thé. Heureusement, ils ne ferment pas tous en même temps. Mais quand une destination n'est vendue que par un seul guichet, ça peut devenir ennuyeux.
Le rabatteur annonce le départ du bus pour Agra. Toutes les personnes de la file d'attente courent vers le bus. Je fais pareil. Finalement, on peut aussi acheter le ticket dans le bus. Je cherche encore l'intérêt des guichets...
10/11/10
Les mosquées n'ayant pas réussi à me réveiller, je suis tirée du sommeil à 6h00 par mon alarme. Je veux visiter la ville de Fathepur Sikri avant de prendre mon train pour Udaipur cet après-midi et je dois donc partir tôt. A Fathepur Sikri, je commence par me rendre à la Jama Masjid. J'en prends plein les mirettes ! La mosquée est splendide. Ce qui est splendide aussi c'est l'ingéniosité des Indiens à soutirer de l'argent aux touristes...
L'arrivée à la mosquée se fait par un escalier en pierre qui monte vers la spectaculaire entrée.
J'enlève mes chaussures, je mets mon foulard sur la tête et je rentre en même temps qu'un Espagnol, Inaki. Vue de l'entrée côté pile.
Un Indien nous aborde et commence à nous expliquer l'histoire de la mosquée. Je l'arrête assez rapidement en lui annonçant d'office que nous n'avons pas d'argent à lui donner. Il s'offusque et m'explique qu'en tant que touristes non musulmans, on doit être accompagnés d'une personne accréditée par la mosquée (carte d'accréditation à l'appui !) et qu'en aucun cas il n'attend de l'argent. Je vois plein d'Indiens de religion hindoue qui se promènent seuls dans la mosquée, mais les choses ayant été clarifiées, on continue la visite guidée...
La cour de la mosquée est très grande.
Au milieu, le tombeau en marbre blanc est celui de Shaikh Salim Chishti. Ce saint soufi du village de Sikri a été consulté par l'empereur Akbar. Il prédit à l'empereur l'arrivée d'un héritier. Une fois l'héritier né, l'empereur fit construire la nouvelle capitale de l'Empire moghol dans le village de Sikri.
Un Indien vient parler à notre guide. Ce dernier me dit de continuer la visite avec le nouvel arrivant tandis qu'Inaki reste avec lui. Je refuse n'en voyant pas l'intérêt. Il m'explique que par respect pour les musulmans, les touristes doivent être séparés. C'est la règle. Cette fois, je lui montre les différents groupes d'hindous qui se trouvent au centre de la cour. Il n'insiste pas.
Autour du tombeau principal, on trouve les tombeaux des membres de la famille du saint homme exclusivement.
A l'approche de ces tombes, notre "pseudo guide accrédité qui ne veut pas d'argent", nous arrête près d'un marchand d'offrandes. Il nous annonce que pour rentrer dans le tombeau en marbre, on doit respecter la coutume et acheter des offrandes à déposer à l'intérieur. On fait front et on repart sans rien acheter. Mais il ne se laisse pas démonter et nous emmène vers un marchand de souvenirs. Encore une fois, il n'aura pas sa commission... Cette fois, il s'arrête là. Mais nous demande quand-même quelque chose pour la visite. Je lui rappelle notre conversation du début et il me dit qu'il ne veut pas un pourboire mais une pièce de monnaie de notre pays pour sa collection de pièces. Elle est bien bonne celle-là ! Inaki baisse les armes et lui donne 10 centimes. Ce qui ne plaît pas à notre Indien qui lui réclame 1 €. Mais comme lui répond Inaki, si c'est pour une collection, ça suffira !
On reprend donc notre petit tour tout seuls pour aller voir ce fameux tombeau blanc. A peine un pied posé sur l'édifice qu'un nouveau guide se présente !
A l'intérieur du tombeau, on voit de superbes jali. Les femmes sans enfant viennent y nouer un petit fil rouge pour voir leur souhait de tomber enceinte s'exaucer.
Une petite photo sur fond de jali. Ça devient une habitude maintenant.
Dans la minuscule pièce où repose le corps du saint homme, les fidèles s'empressent de déposer leurs offrandes et de lui rendre hommage.
La visite ne serait pas totale sans les éternelles photos avec des familles complètes d'Indiens. Certains iront même jusqu'à me mettre d'office leur bébé dans les bras. Non mais ça va pas ! Qu'est-ce que j'en fais moi de ce truc là maintenant ?
Je rencontre aussi un grand-père qui tient absolument à ce que je prenne son petit-fils en photo.
… qui donne sur une cour avec plusieurs bâtiments.
Chaque bâtiment est très travaillé.
Je sors du palais de l'épouse musulmane pour voir le palais de l'épouse chrétienne. Beaucoup plus petit puisqu'il consiste en un seul bâtiment de 3 pièces. Mais tout aussi joli à regarder.
Je change de cour. Dans cette nouvelle cour, plusieurs édifices entourent un bassin ornemental.
Dont le Panch Mahal et le Diwan Khana.
Ainsi que le Rumi Sultana, le palais de l'épouse turque d'Akbar. Il n'est constitué que d'une seule pièce mais est certainement le plus ouvragé de tous les palais ! Murs, plafonds, extérieurs, intérieurs, tout est minutieusement sculpté.
Un peu plus loin se dresse le kiosque de l'Astrologue qui comporte des éléments de style jaïn.
Puis vient le bâtiment qui n'a l'air de rien au premier abord mais qui en impose à l'intérieur : le Diwa-I-Khas. Un plateau relié aux 4 coins de la pièce par des passerelles de pierre est supporté par une immense colonne.
Après tous ces édifices en pierre, je me dirige vers un peu de verdure : le jardin des Dames. Pas besoin d'expliquer qui avait le droit d'y aller... On y trouve des fleurs originales. Tellement originales, que dès que je m'en approche un homme me tombe dessus pour me dire qu'il est le jardinier du site et qu'il peut me vendre des graines si je le souhaite. Ben voyons !
J'ai déjà passé près de la moitié de mon temps à poser pour les photos de dizaines d'Indiens quand une petite fille essaie discrètement de m'immortaliser sur son téléphone portable, l'appareil à 1 mètre de mon visage ! Cette façon de procéder "en douce" commence légèrement à m'énerver mais comme il s'agit d'une enfant je reste calme. Je me retourne vers elle et lui dis qu'elle peut me prendre en photo sans problème. Suffit juste de demander. Et en échange, j'en prends une d'elle dans son habit de princesse...
Dernier bâtiment du site, un peu à l'écart des autres puisqu'il s'agit de la demeure d'un des principaux ministres d'Akbar : le Birbal Bhavan. Le travail de sculpture est toujours aussi fin.
Dernière rencontre avant de quitter le site.
Tout au long du chemin qui m'emmène à la station de bus, je me fais harponner par des enfants. Après l'éternel "onepenonechocolateonebiscuitoneshampoooneroupie...", ils finissent tous par me demander 1 € pour leur collection de pièces. Usant !
A Agra, je prends un rickshaw pour aller à la gare. En cours de route, un homme monte à côté du chauffeur. Cette fois, je ne me fais pas avoir. Je tapote l'épaule du chauffeur et lui dis fermement que je ne paierai que la moitié de la course et que ce nouveau client paiera l'autre moitié. Bizarrement, il descend. Il est resté moins de 15 secondes dans le rickshaw. Trop fière de moi !
Encore un long voyage de nuit qui m'attend pour rejoindre Udaipur. Cette fois je voyage en classe Sleeper. Le train est blindé et il y a beaucoup d'enfants. Je sens des courants d'air car les fenêtres ne ferment pas correctement. Quant aux portes, elles restent la plupart du temps ouvertes. Je sens que la nuit va être courte...
